Je
suis persuadé qu'à l'occasion de ce brouillon de constitution, il
va se dépenser une grande quantité de jus de cerveau (qu'on appelle
pensée). N'oublions pas que la pensée, comme les vêtements, est
susceptible de prendre des plis. Les mots avec lesquels on parle ou
écrit deviennent souvent les mots avec lesquels on pense ou
réfléchit. Pour exemple: j'ai lu dans un commentaire (que celui qui
l'a écrit me pardonne de le mettre en lumière) les mots " cahiers
de doléances ". Ce terme a été mis dans la tête du
peuple par le pouvoir royal afin de convaincre ceux qui se
plaignaient de faire confiance à leur maîtres pour résoudre, si
possible, les maux dont ils souffraient. Mais en même temps, les
inciter à accepter qu'ils étaient en position de suppliants.
Personnellement, je suis favorable à des " cahiers
d'exigences ". Nous avons bien d'autres plis, un autre
exemple est celui " d'état providence ", qui
nous fait penser que nos " avantages acquis "
tombent du ciel. Il est pourtant bien établi que ces " avantages "
viennent de la solidarité des humains entre eux, et il faudrait que
nous parlions " d'état répartiteur ". Les
dominants possèdent sur le bout du doigt ce qu'il faut utiliser
comme mots pour pérenniser leur domination. C'est à nous de
développer un mode d'expression qui ne leur doive rien.