Ateliers libres / Divers / Les conventions de citoyens

Le service de Chat mis à jour en temps réel n'est disponible que pour les utilisateurs inscrit.

S'inscire / Se connecter

"Il sera bientôt trop tard". La mise en garde est sévère : le 13 novembre dernier, dans la revue Bioscience, 15 000 scientifiques de 184 pays lancent un cri d'alarme pour sauver la planète, pour alerter contre les dangers qui guettent l’humanité.

Le système de gouvernement représentatif tel qu'il fonctionne actuellement est pervers et malade, il n'est pas adapté à la résolution de ces problèmes.

Il y a en France des milliers de citoyens prêts à donner de leur personne pour œuvrer pour le bien commun en participant à des conventions de citoyens. La tâche à accomplir est immense et les bonnes volontés ne manquent pas; ce sont nos élus qui bloquent. A défaut d'une vraie démocratie, les Conventions de Citoyens seraient un bon point de départ car peu difficile à mettre en place.

Comme la Convention de Citoyens (CC) ne fait pas partie du vocabulaire courant de notre République, permettez-moi de vous apporter quelques explications.

Tout d'abord je voudrais citer quelques lignes du livre de Jacques Testard : "l'humanitude au pouvoir" livre dans il détail le processus et nous explique tout le bénéfice que nous pourrions en tirer.

   

"Il n'y a pas d'avenir à la compétition économique à outrance qui prétend opposer les peuples aux peuples pour engraisser la finance. La plupart des gens en conviennent. Pourtant quand vient le moment des élections, tout se passe comme s'il n'y croyaient pas, les électeurs semblent paralysés par la domination de la pensée unique. C'est ainsi que le protocole "démocratique" annihile l'expression des désirs et des intelligences. La lucidité et les capacités de choix et d'élaboration sont fortement inhibées chez la plupart des personnes, conditionnées à rechercher des satisfactions personnelles et immédiates davantage que le bien commun. En revanche, un échantillon aléatoire de la population, impliqué dans un protocole rigoureux et solennel d'élaboration collective démontre des capacités inouïes pour formuler des choix intelligents, altruiste et durables.

Les CC sont capables de produire des choix qui contribuent le plus au bien commun. Elargies à l'international, ces mêmes procédures pourraient amener les pays à s'engager fermement dans le sauvetage de la planète, dans la coopération effective entre les peuples, dans la construction de modèles économes et conviviaux, et siffler la fin du match stupide pour la compétitivité qui ne conduit qu'à la ruine de tous et du monde."

 

"On prend une quinzaine de femmes et d'hommes "naïfs", ces invisibles que l'on n'entend jamais et on les réunit pour deux week-ends dans un lieu de formation où des spécialistes leur distillent le su et le non-su, les avantages et les risques potentiels qu'il y aurait à vivre comme ceci ou comme cela. Ils écoutent, interrogent, échangent. On laisse réchauffer quelques semaines puis on confronte ces profanes devenus assez bien informés à de nouveaux experts ou décideurs (qu'ils ont parfois eux-mêmes choisis) afin de les cuisiner. Ils le font avec malice et application, avec l'audace de profanes devenus assez savant pour confronter leurs nouveaux savoirs, et parfois leurs récentes convictions, au savoir faire de ceux qui savent et font depuis toujours. Puis ils se retirent pour délibérer. Jusqu'à l'aube, le médecin et l'ajusteur, le sympathisant du PS et celui du FN, l'institutrice et la retraité, les français "de souche" et la beurette, parlent de l'avenir à la lumière de leur science neuve, de leur avenir et de celui de leur enfants, et des petits enfants des autres humains, même ceux du bout du monde. Et ils s'entendent sur l'essentiel, divergent ça et là, jusqu'à la rédaction d'une proclamation rendue publique par une conférence de presse. Derrière la longue table, une quinzaine d'hommes et de femmes sont assis, épuisés mais fiers de leur travail juste terminé. Leur porte parole lit lentement avec une solennité assumée : "Nous, citoyens…attendu que…nous pensons que…nous recommandons …" Et c'est comme si le monde repartait d'un bon pied."

 

Afin qu'une CC ne soit pas un leurre démocratique, il faut que la procédure soit crédible, irréprochable, avec des règles strictes. Afin de motiver les participants, il est impératif que le commanditaire s'engage en amont à en respecter les conclusions et se donne les moyens d'en assumer la suite.

Les CC portent sur un sujet d'intérêt général et doivent porter sur une ou deux questions précises.

Par exemple :

-       Déterminer les choix pour restreindre les émissions de CO2 et orienter les efforts de recherche.

-       Elaboration de la norme pour des sujets aussi divers que les pesticides, les perturbateurs endocriniens, les ondes électromagnétiques, les nanoparticules, les quotas de pêches …

-       Les questions de santé publique : vaccins, sucre, médicaments anti-cholestérol, OGM ...

-       Les questions éthiques me semble particulièrement indiquées : fin de vie, PMA, GPA, cellules souches …

 

Evidement l'urgence est de commencer par le réchauffement climatique, et pourquoi pas d'y associer des citoyens du monde.

 

ORGANISATION D'UNE CONVENTION DE CITOYENS

Etape 1 : Etablir une liste de citoyens volontaires pour participer aux CC. Les candidats envoient une lettre de motivation. Cette candidature est valable pour une durée de 1 an.

 

Etape 2 : parmi toutes les candidatures reçues, on tire au sort 200 personnes à qui on pose la question :"Voulez-vous participer à une CC sur tel sujet pour une durée de 3 semaines?"

 

Etape 3 : On examine les lettres de motivation de toutes les personnes qui ont répondu positivement et on sélectionne 15 personnes. Les personnes directement impliquées dans la controverse, celles qui sont en conflit d'intérêt avec la thématique ou celles qui se définissent déjà comme expert sont volontairement écartées du processus.

 

Etape 4 : la CC peut débuter, les participants restent anonymes, ils sont mis à l'écart des médias pendant toute la durée de la conférence afin que ceux ci n'interfèrent pas. Un facilitateur neutre, spécialiste du débat public est chargé d'organiser la formation et les débats.

            La première semaine est consacrée à la formation et à l'information des participants. La formation est de type académique et l'information fait intervenir des personnes impliquées dans la controverse. Un comité de pilotage s'assure de la pluralité du savoir et des informations transmises.

            La deuxième semaine est consacrée à la consultation et au travail en petit groupe. Les participants peuvent interroger qui bon leur semble pour approfondir leurs réflexions et leurs connaissances. Ils vont chercher d'autres points de vue et commencent à proposer des solutions au problème posé.

            La troisième semaine est consacrée à la maturation des idées, la finalisation des propositions et à l'élaboration d'un consensus.

 

Etape 5 : Après que la convention citoyenne a rendu son avis dans un rapport solennel devant le Parlement, ce dernier légifère en tenant compte de chacune des résolutions prises par les citoyens. Toute divergence entre les élus et l'avis des citoyens devant être justifiée. Idéalement, une démocratie plus poussée impliquerait qu'en cas de refus du législateur de suivre l'avis des citoyens, le peuple puisse trancher par voie de référendum.

 

Le bénévolat des personnes participant est nécessaire afin que s'expriment l'altruisme et l'intelligence collective. Les frais de bouches, de transport et de logement sont pris en charge par l'Etat. Le financement pourrait être assuré par la suppression du Conseil Economique et Social.

 

Les CC pourraient s'appliquer à d'autres thèmes comme les rythmes et programmes scolaires, l'emploi, les banlieues, le vivre ensemble ou le civisme, en fait il n'y a pas de limites.

Un pas décisif vers une démocratie directe serait d'organiser des CC pour jeter les bases d'une nouvelle constitution démocratique. Plusieurs CC seraient sans doute nécessaires car la constitution est le pilier et le fondement de toute société.

Puis viendraient des sujets politiques ou liés à la souveraineté nationale comme l'appartenance à l'Europe et à l'euro, la création monétaire, le revenu universel, la création de monnaies locales, etc.

 

J'en ai marre de ces élus au sang froid qui se disent pragmatiques et qui affichent leur condescendance face à ceux qu'ils considèrent comme utopistes. Permettre aux riches d'engranger un maximum de profits et de quitter navire avant qu'il coule, c'est ça leur pragmatisme! Pour moi, c'est juste du cynisme et de l'inconscience.

Au rythme où vont les choses, avec le peu d'empressement des majorités qui se succèdent et avec leur fameux "pragmatisme", il faudrait attendre au moins 10 législatures avant de voir prises les bonnes décisions. Il sera toujours trop tard.

On ne peut plus se permettre d'attendre. La citoyenneté est le seul comportement rationnel et responsable face à un choix crucial.

La France, à elle seule, ne peut pas grand-chose, mais elle peut au moins donner l'exemple, faire sa part de travail et éveiller les consciences.

 

Pour plus d'informations lire le livre de Jacques Testart :

L'humanitude au pouvoir. Comment les citoyens peuvent décider du bien commun.

Back to Top